Dans les années 2000, nous, médecins de terrain, alertions déjà sur les effets néfastes de la réduction des effectifs de médecins. La gestion de la Permanence des soins devenait un problème important, en particulier en zone rurale et semi-rurale.
Nous proposions alors la création des CRRA, centre de réception et de régulation des appels pour tenter de résoudre ce problème en attendant une adaptation du numérus clausus. Nous prévenions déjà que le CRRA seul ne réglerait pas le problème d’accès aux soins.Toutes les portes d’entrée d’accès aux soins (Service d’Accueil des urgences, maison médicale de garde, etc) devaient bénéficier également d’une régulation médicale.
Ce dispositif a été prolongé 20 ans après avec le SAS (service d’accès aux soins). Malheureusement du fait d’une reprise de ce dispositif par les technocrates, une idée simple et efficace est devenue une usine à gaz en termes d’organisation, et de modèle économique.
Dans le même temps, le Président de la République a souhaité garantir l’accès aux soins pour tous, partout sur le territoire, quitte à déréguler d’autres systèmes, comme les soins non programmés.
Il faut préciser que 90% des soins non programmés sont aujourd’hui assumés par les médecins traitants, et ce, malgré la démographie médicale désastreuse, source de déserts médicaux partout en France.
Les 10% restants finissent soit aux services d’accueil des urgences hospitalières où il n’existe toujours pas de régulation médicale des entrées (et un manque criant de lits d’aval). Une autre partie de cette demande est couverte par des “centres de soins non programmés”, centres indépendants, qui poussent comme des champignons partout, sans aucune régulation préalable.
C’est le fameux “quoiqu’il en coûte” pour garantir le soi-disant accès aux soins, quel qu’en soit le coût ou la qualité. On mesure à ce stade le manque de vision politique à long terme de la santé, poussant le soin comme un bien de consommation comme un autre.
Ainsi, à vouloir donner tout, tout de suite, on ne peut que constater d’une part des médecins qui s’engagent dans ces filières de soins non programmés, moins chronophage et plus rentable financièrement, et des services d’accueil des urgences qui deviennent des “oasis” de consommation de soin en particulier grâce à leur plateforme technique lourde.
De fait, “l’urgence ressentie” , qui est souvent loin de l’urgence médicale, devient l’alpha et l’oméga de l’accès aux soins, quel qu’en soit le prix, aux dépens du bon sens d’une régulation médicale de ce même accès. Les parcours de soins deviennent anarchiques, des inégalités encore plus grandes, et in fine la qualité de la prise en charge déficiente.
Ce site et son contenu ont été réalisés par des médecins volontaires, essentiellement en plus de leur temps de soins. Le temps passé a été important, ainsi que les acquisitions de différents outils (hébergements, plug-in, images et photos, presse…).
Même si un petit soutien financier n’est pas obligatoire, il nous sera d’une grande aide pour subvenir à ces charges. Par ailleurs, vos dons, nous permettrons de financer vos collectifs (location de salle, pots de convivialités, matériels de présentation et d’animation, etc.) le temps que ces collectifs aient leur propre autonomie dans leur gestion locale.
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