L’essence même du métier de médecin est la confiance. La confiance est une des qualités indispensables à l’exercice médical, sous plusieurs aspects.
En premier lieu avec les patients, à travers le colloque singulier. Le médecin et son patient doivent s’accorder mutuellement confiance pour une prise en charge de qualité… Si, à travers son expertise doublée d’humanisme, le médecin propose un ou des diagnostics et la prise en charge qui lui semble optimale, ces propositions ne seront appliquées par le patient que s’il lui accorde sa confiance. Le serment d’Hippocrate qui reste la ligne directrice de notre exercice mentionne à l’égard des patients : “je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences”.
Le deuxième aspect est dirigé par l’esprit même de la singularité du modèle du système de santé, vers les financeurs, assureurs publics et privés. Véritable pacte social, les médecins ont fortement adhéré (99,4%) à la “convention médicale” qui lie la profession à la société, apportant leur confiance à ce système de santé. Celle-ci était juste et équilibrée dans sa première version, entre droits et obligations.
À partir des années 1990 cette confiance commence à s’éroder. La convention devient au fur et à mesure des années une suite d’obligations sans contrepartie au nom de la logique comptable de dépenses de santé. Ce qui ne peut pas être négocié dans la convention, revient par la porte de la loi, voté dans les deux chambres parlementaires.
Pire, il est impossible de dénoncer cette convention. Négociée par les syndicats représentatifs de la profession, elle est soumise à la signature individuelle de chaque médecin. Or, il est rappelé en bas de page que le médecin n’a pas d’autres choix que de signer ladite convention sous peine d’une mort économique assurée ! (Tarif d’autorité de remboursement) !
Ainsi la convention est devenue une cage dorée obligatoire et sans issue, avec une augmentation drastique d’obligations et d’administration sous l’égide d’économies en santé, où les droits des professionnels sont quasi inexistants. La dernière mouture de la convention en mai 2023 est tellement caricaturale qu’aucun syndicat n’a osé la signer.
Malheureusement, la confiance n’existe plus entre les médecins et les assureurs.
De surcroît, le législateur fait voter des lois en politique de la santé (donc des obligations) qui n’ont pas pu être négociées par la convention médicale. Il transforme la confiance en méfiance, rendant les professionnels de santé responsables de toutes les difficultés du système de santé en France. Les dernières lois votées ont en particulier ouvert la porte aux transferts de compétence avec la Loi Rist, ou l’obligation de structuration administrative avec la Loi Valletoux.
Quel mépris pour les soignants et pour notre système de santé solidaire !
La perte de confiance portée par la convention et les lois cachent en vérité une autre vision de la santé : d’une santé financiarisée qui ne sera plus à la charge de l’État, mais des assureurs privés et des fonds financiers en tous genres, au nom de la concurrence. Ainsi la santé devient un bien de consommation comme un autre.
Ainsi, l’État continue à faire croire que notre système est toujours le meilleur du monde, les difficultés persistantes, n’étant liées qu’à une mauvaise gestion du fait des soignants.
L’État n’a pourtant jamais autant dépensé pour les soins, et malgré cela, le système s’écroule inéluctablement.
Cela peut s’expliquer par un manque de vision globale de la santé car le temps politique n’est pas le temps santé.
Par ailleurs, la situation est le reflet direct de la disparition de cette confiance des politiques envers les soignants, pourtant nécessaire, afin de les soutenir dans leur travail, et les laisser libres d’organiser de l’offre de soins et de santé au plus près des besoins du terrain et de la population.
Le retour de la confiance en matière de santé est indispensable dans tous ses aspects pour permettre une refonte systémique de notre modèle de santé. Pour ce faire, plutôt que la force, le retour d’un dialogue constructif entre les différents acteurs est une urgence.
Ce site et son contenu ont été réalisés par des médecins volontaires, essentiellement en plus de leur temps de soins. Le temps passé a été important, ainsi que les acquisitions de différents outils (hébergements, plug-in, images et photos, presse…).
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Les autres avis
Votre site est très intéressant.
Bonjour,
Je m intéresse au système de soins français.
Même si je ne suis pas médecin, je comprends parfaitement vos motivations.
Les dons pour votre association sont réservés aux soignants ou les patients peuvent aussi participer ?
Cordialement