Depuis environ 30 ans, tous les professionnels de santé sont au même régime : diminuer l’offre pour diminuer la dépense en santé. Mais en se basant ainsi sur l’offre et non pas sur le besoin, cette logique de baisse de soignants, qui s’ajoute à d’autres facteurs tels que l’augmentation de l’espérance de vie, l’explosion des pathologies chroniques, le vieillissement des soignants et la perte d’attractivité de la profession libérale, aboutit à une pénurie annoncée depuis les années 1990 et à un risque de catastrophe sanitaire.
En France depuis 1971 le nombre d’admis en deuxième année de médecine est contrôlé chaque année par le gouvernement. Ainsi, un étudiant en médecine ne pourra passer en 2ᵉ année que s’il se classe parmi les X mille premiers. Ce quota, appelé numerus clausus, est fixé chaque année par les facultés sous la houlette du ministre de l’Enseignement supérieur.
Du fait de ce numérus clausus, de nombreux étudiants décident de faire leurs études à l’étranger (Belgique, Espagne, Portugal, Roumanie…), et sont souvent obligés de faire de lourds emprunts bancaires, en particulier lorsque la famille n’est pas en capacité de financer ces coûteuses études. Outre l’inégalité d’accès aux études, cette dérive favorise à terme la fuite à l’étranger des futurs praticiens.
Comme le montre le graphique, le quota annuel d’admissions a connu une franche baisse pendant 25 ans avant de commencer à remonter au début des années 2000, date à laquelle les difficultés d’accès à un médecin ont débuté.
Aujourd’hui, au delà de la barrière du numérus clausus :
- 20% des étudiants en médecine n’exerceront finalement pas la médecine
- moins de 15% des médecins généralistes formés choisissent de s’installer en libéral
- un jeune médecin qui s’installe en libéral ne suffit souvent plus à remplacer un médecin partant à la retraite, du fait de l’exigence légitime de vouloir travailler souvent moins de 55h par semaine.
Pendant ce temps-là, de nombreux étudiants sont obligés de contracter des emprunts bancaires pour faire leurs études à l’étranger (Belgique, Espagne, Portugal, Roumanie…) en particulier lorsque la famille n’est pas en capacité de financer ces études (entre 4 000 et 6 000E/an). Outre l’inégalité d’accès aux études, cette dérive favorise à termes à une fuite de nos cerveaux.
En 2000, en médecine générale, et plus précisément dans le cadre de la permanence des soins, ce constat a abouti à la réorganisation des centres de réception et de régulation des appels (CRRA) autour du 15. Parallèlement, l’obligation de garde passait au volontariat, afin de pousser le législateur à tenir compte des effets dévastateurs du numérus clausus.
La réponse du gouvernement a été depuis 2020 de “supprimer” le numérus clausus, au profit du numérus apertus. Cela revient en réalité à augmenter le numérus clausus de 15%, alors qu’il faudrait le doubler, en parallèle d’une réforme systémique du système de soins qui redonne du sens et de l’attractivité à la médecine ambulatoire.
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Déconventionné en 2012
Déconventionné en 2012, j’exerce parallèlement dans des organismes conventionnés afin d’assurer ma part dans la prise en charge des démunis. Si nous nous déconventionnons massivement et consacrons une part de notre activité aux précaires, nous resterons exemplaires et les politiciens ne pourront pas résister à la pression populaire… L’;argent est là : on trouve des dizaines de milliards pour alimenter la guerre en Ukraine et on en permet l’évasion fiscale par centaines d’autres chaque année