Un peu d'histoire
Les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 créent une organisation de la Sécurité sociale qui fusionne toutes les anciennes assurances (maladie, retraite…) et garantit à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes.
Cette sécurité sociale est créée sur le modèle « bismarckien » (gestion par les partenaires sociaux, financement par des cotisations à la charge des employeurs et des salariés) ainsi que la refonte du système des assurances sociales des années trente, reconnaissance du rôle complémentaire des mutuelles. Si l’ordonnance du 4 octobre crée un régime général ayant vocation à rassembler l’ensemble des actifs (salariés des secteurs privé et public, exploitants agricoles, travailleurs indépendants et secteurs spécifiques d’activité), elle reconnaît également la possibilité de maintien de certains régimes particuliers de sécurité sociale préexistants (régimes dits « spéciaux »).
4 ordonnances en 1967 régissent une réorganisation du régime général de la Sécurité sociale. Cette réforme définit la séparation financière des risques dans 3 « branches » autonomes : maladie, famille et vieillesse. Chaque branche devient responsable de ses ressources et de ses dépenses. 3 caisses nationales sont créées pour en assurer la gestion : la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), la Caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs salariés (Cnavts), la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). La gestion de la trésorerie des différentes branches est confiée à l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss).
La Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés hérite par ailleurs de la gestion des risques professionnels.
Loi du 29 décembre 1990 créé la contribution sociale généralisée (CSG), prélèvement assis sur l’ensemble des revenus (d’activité, de remplacement, des produits du patrimoine et des placements ou des jeux)
La perte d'indépendance
Le plan Juppé en 1995 instaure le principe d’une loi de financement de la Sécurité sociale annuelle (réforme constitutionnelle de février 1996) et mise en place des conventions d’objectifs et de gestion (Cog) entre l’Etat et chacune des branches et régimes de la Sécurité sociale
En 1996, un vaste plan de réforme de la Sécurité sociale transforme en profondeur la Cnamts. Il vise notamment à créer un « régime universel d’Assurance Maladie » permettant l'ouverture automatique de droits à toute personne âgée de plus de 18 ans résidant régulièrement sur le territoire français. La Cnamts est désormais en charge de la maîtrise des dépenses de soins. Les conseils d’administration des caisses d’assurance maladie sont gérés de manière paritaire.
Cette réforme implique une nouvelle chaîne de responsabilités entre les acteurs du système de protection sociale (gouvernement, Parlement, gestionnaires des systèmes de sécurité sociale, professions de santé et assurés sociaux) et crée les lois de financement de la Sécurité sociale (LFSS), gages de l’association de la représentation nationale à la détermination de l’équilibre financier de la Sécurité sociale. Parallèlement,
l’Ordonnance du 24 janvier créé la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) dont le produit est affecté à la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) chargée de la gestion des déficits des régimes de sécurité sociale.
C’est en 2004 qu’une nouvelle réforme de l’assurance maladie voit le jour. Pour mieux répondre aux enjeux du système de santé, une loi transforme l’Assurance Maladie et renforce son efficacité. Elle redéfinit l’organisation de l’offre de soins, de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé et des instances dirigeantes de la Cnamts.
Concrètement, l’Assurance Maladie voit ses compétences élargies, notamment pour assurer la cohérence de la politique de santé. Elle est désormais associée à la définition de la politique hospitalière et de la politique du médicament. Elle se voit confier des nouveaux pouvoirs dans le domaine des soins de ville. Objectif : gérer de manière cohérente les biens et services de soins, les relations avec les professionnels de santé et le partage des données de santé. La loi du 13 Aout 2004 portant sur la réforme de l’Assurance maladie (création du médecin traitant, du dossier médical personnel, réforme de la gouvernance de l’Assurance maladie et du système de santé, promotion des médicaments génériques, aide à l’acquisition d’une couverture complémentaire, responsabilisation des assurés sociaux par la création du forfait d’1 euro)
En 2005 L’Assurance Maladie - Risques professionnels, branche à part entière de la Sécurité sociale, gérée par la Cnamts, signe avec l’État sa première convention d’objectifs et de gestion (COG). C’est la commission des accidents du travail/maladies professionnelles (CAT/MP), créée suite à la loi du 25 avril 1994, qui fixe les orientations politiques de la branche AT/MP, vote son budget et suit les objectifs fixés avec l’État à travers cette COG spécifique.
La branche AT/MP entretient un réseau commun avec l’Assurance Maladie, notamment avec les caisses primaires d’assurance maladie et les échelons locaux du service médical pour le remboursement des dépenses de soins et la fixation des taux d’incapacité permanente des victimes.
L'assurance maladie aujourd'hui
La CNAM pilote les 128 CPAM, caisses primaires d’assurance maladie implantées au niveau local chargées de verser les prestations d’assurance maladie de la Sécurité Sociale.
Les deux principales missions de la CNAM sont
- de participer à la définition de la politique de l’assurance maladie au niveau national
- d’assurer la réalisation des accords conventionnels de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (l’Uncam) avec les syndicats des différentes professions de santé, dont le parcours de soins coordonnés.
Les services de la CNAM sont également chargés de 4 missions complémentaires :
- promouvoir la maîtrise des dépenses de santé, les actions de prévention
- diriger le service médical de santé
- coordonner l’activité des caisses primaires et des caisses régionales d’assurance maladie
- gérer la politique des risques de l’ensemble du système de soins
La CNAM est un établissement public administratif placé sous la double tutelle du ministère en charge de la sécurité sociale et de celui de l’Économie et des finances. La convention d’objectifs et de gestion (COG) qu’elle conclut pour 4 ans avec l’État détermine les actions qu’elle devra mettre en œuvre et ses moyens, en tenant compte des limites prescrites annuellement par l’Ondam en matière de dépenses de santé.
À propos du COG
Le service public de la Sécurité sociale est historiquement organisé d’un côté autour d’un État qui conçoit les politiques, et de l’autre autour d’organismes de sécurité sociale autonomes qui les mettent en œuvre. Toutefois l’État doit s’assurer que cette mise en œuvre des politiques, cette gestion de la protection sociale, est conforme à ses attentes. C’est là qu’interviennent les conventions d’objectifs et de gestion (Cog)
L’État doit alors s’assurer :
- de la bonne gestion des sommes considérables qui sont en jeu,
- de la qualité de service de prestations souvent décisives dans la vie de chacun,
- de coûts de gestion optimisés dans une conjoncture de déficits financiers importants.
C’est là qu’interviennent les conventions d’objectifs et de gestion (Cog), conclues depuis plus de 20 ans (1996) entre l’État et les organismes de gestion, autrement dit les caisses.
Depuis 2017, les Cog qui étaient conclues sur 4 ans le sont maintenant sur 5 ans afin d’avoir une cohérence avec les chantiers relatifs aux pouvoirs publics.
Les Cog formalisent dans un document contractuel la délégation de gestion du service public de la sécurité sociale aux organismes gestionnaires. Elles fixent les objectifs à atteindre et les moyens à mettre en œuvre pour moderniser et améliorer la performance du système de protection sociale, aussi bien en termes de maîtrise des dépenses que de meilleur service rendu aux usagers. Chaque branche ou régime établit sa Cog en fonction des axes stratégiques qui lui sont propres, même si les principes généraux restent les mêmes pour tous.
De portée nationale, les Cog et leurs objectifs sont ensuite déclinés sous forme d’orientations opérationnelles en contrats pluriannuels de gestion (CPG) entre la caisse nationale et les caisses locales. Le CPG précise pour chaque domaine et pour chaque organisme, sous forme d’indicateurs, les actions concrètes à mettre en œuvre et les résultats à obtenir en tenant compte des conditions de réalisation au plan local.
Une Cog est signée par le président et le directeur de la caisse concernée ainsi que par les ministres de tutelle.
Malgré un dialogue de gestion annuel avec les caisses nationales autour de tableau de bord, l’État ne dispose pas de toutes les informations pour évaluer les résultats réellement obtenus et préparer le cycle de gestion à venir, ses objectifs concrets, ses moyens budgétaires. C’est pourquoi l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) produit des évaluations pour lui. l’IGAS porte un jugement rétrospectif et prospectif sur le réseau ou la caisse concernée en termes de coûts de gestion et de leviers de productivité (ex : développement des systèmes d’information, alignement des performances sur les meilleures caisses, mutualisation, développement des compétences) et en termes de qualité de service et de ses leviers (ex : dématérialisation, accueil multicanal). Elle évalue aussi les politiques d’action sociale dont les conseils des caisses nationales et locales ont la responsabilité.
Ainsi le COG est démarche de mise sous tutelle de l'Assurance maladie fondée sur cinq éléments majeurs :
- Un contrat : une COG constitue une démarche partenariale, entre l’État et la caisse nationale, déclinée entre la caisse nationale et les caisses locales à travers les contrats pluriannuels de gestion (CPG) ;
- Une stratégie et des objectifs : une COG oblige la branche ou le régime à définir une stratégie cohérente à moyen terme et à la rendre publique, à réfléchir sur ses forces, ses faiblesses, les attentes des usagers, l’évolution de ses missions, des améliorations fortes sur les métiers de la branche sont prévues.
- Une programmation de moyens et d’actions : la stratégie définie est déclinée dans des engagements précis, concrets, mesurables, ayant pour contrepartie une allocation pluriannuelle des budgets.
- Des indicateurs, qui permettent une mesure de la réalisation des engagements.
- Une évaluation annuelle : élément clef de « bouclage » de la démarche objectifs / résultats, l’évaluation nourrissant la négociation de la convention suivante.
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